Lula : des réformes à venir difficiles dans un pays fracturé

janvier 2023

Le nouveau président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, « Lula », élu en octobre 2022, a pris ses fonctions pour un troisième mandat le 1er janvier, alors que le président, sortant, Jaïr Bolsonaro, a quant à lui quitté le Brésil pour la Floride aux États-Unis, évitant ainsi d´apparaître en public avec Lula lors du passage de pouvoir ce qui pour lui était une humiliation insupportable.
Une semaine après son investiture, Lula a dû faire face à une véritable révolution des « bolsonaristes » qui a dévasté les lieux des 3 pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia pour marquer leur opposition. Les révoltés ont finalement été stoppés, mais l’inquiétude a gagné l’opinion comme l’ensemble de la planète qui a unanimement condamné les insurgés
L’élection de Lula, gagnée de justesse, a suscité une vague de contestation violente et brutale qui mit en péril la démocratie brésilienne à court comme à moyen terme. Le régime démocratique au Brésil fait suite à une dictature militaire pendant 21 ans à partir de 1964, dont beaucoup gardent la nostalgie. La présidence de Jaïr Bolsonaro avait réveillé les aspirations d’extrême droite d’autant qu’elles avaient trouvé une complicité avec Donald Trump. Ainsi, pendant les deux mois qui ont suivi les élections, les « Bolsonaristes » , galvanisés par des groupes WhatsApp, ont dans un premier temps bloqué les routes fédérales, puis ont organisé d´énormes campements devant toutes les bases militaires afin de créer le chaos dans le pays et demander une nouvelle intervention militaire.
Lula doit donc relever le défi de maintenir la démocratie alors que 20 % des Brésiliens disent en être satisfaits et que seulement 40 % la soutiennent comme cadre de régime politique. Il devra donc contrôler les forces d’extrême droite, incarnées par les partisans de Bolsonaro. Cette insurrection populaire devrait au moins lui permettre de faire le tri parmi les responsables et d’installer aux postes clés des intervenants de son camp. Ainsi, pour compter sur une courte majorité à l´Assemblée, Lula a dû composer un gouvernement avec 37 ministères afin de rallier à sa coalition quelques-uns de la trentaine de partis politiques de l´Assemblée !
Le programme de Lula, figure mondiale de la gauche, est orienté vers une amélioration de la protection sociale et la défense des droits des peuples indigènes, en rupture franche avec la politique de Bolsonaro. Il veut lutter contre le trafic de drogue, restaurer le rôle international de son pays et renforcer la coopération sud-sud avec l’Amérique latine et l’Afrique.
Les profondes divisions qui règnent parmi les communautés, parfois dégénérées en véritable haine, la radicalisation d’une grande partie de la population, la remise en cause de la démocratie et sa place dans bien des régimes politiques à travers le monde sont autant de périls qui se dressent devant lui dès sa prise de fonction et qui seront très difficiles à redresser.

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